mercredi 5 juin 2013

Tamang Heritage Trail

Après cette petite pause pour nos gambettes à Pokhara, nous reprenons la direction de Katmandou afin d'y passer une courte nuit (juste le temps d'entendre une explosion de gaz suivie d'un feu à 100 m de notre hôtel..) et avant de rejoindre Dhunche au nord pour entamer notre prochain trek: le Tamang Heritage Trail.
Comme son nom l'indique, c'est un trek plutôt ethnique, à la rencontre des villages Tamang reculés. On a décidé de le faire seuls, sans guide ni porteur, mais avec une carte qui s’avérera utile et le moins d'affaire possible pour préserverer mon petit dos.


Pour rejoindre notre point de départ qui devait être la "ville" de Dhunche  (500 habitants, 2 rues...) à 120 km de Katmandou, nous devons commencer par emprunter un bus inconfortable pendant plus de 6h (je vous laisse faire le calcul de notre vitesse moyenne et donc imaginer cette route de montagne défoncée qui flirt avec des précipices de plusieurs centaines de mètres...).
On est content d'arriver, mais on se rend compte rapidement mais trop tard que le vrai point de départ  du trek est le village suivant, Syabrubesi, terminus de l'unique bus journalier que l'on vient de quitter...sinon, il y a toujours la marche pour 4 heures sur des lacets ininterrompus, mais ça nous ferait perdre un jour.
Changement de programme: on apprend qu'une jeep peut nous monter le lendemain à Timure, proche de la frontière du Tibet, ce qui nous fera rattraper le jour perdu, si on fait le trek à l'envers. C'est parti!

1ère étape: Timure (1762 m) - le 18 mai 2013

Nous débutons donc notre périple à Timure, à 45 minutes à pied de la frontière du Tibet. Le village, ancré dans la vallée, est constitué d'une dizaine d'habitations dont 2 lodges. Grand luxe, notre lodge a une douche qui coule en continu car c'est une partie d'un ruisseau qui a été dévié et privatisé...
Notre première randonnée est légitimement une excursion jusqu'à la frontière tibétaine que nous ne pourrons bien entendu pas franchir ni photographier car les petits chinois en uniforme montent la garde...
C'est aussi l'occasion de goûter au pain et au thé tibétain: le pain on valide, mais le thé, faut s'accrocher car le mélange mystérieux d'épices comprend aussi du beurre de yak qui lui donne un gout d'oeuf cru et salé...

2ème étape: Timure (1762 m) - Thuman (2338 m) - 4h de marche

Nous prenons la route pour notre prochaine étape, Thumman, sous un ciel radieux et dégagé qui nous laisse apercevoir les montagnes du Tibet au milieu des champs de blé jaune. Le spectacle est magnifique.

Vu sur la vallée au travers des champs de blé



Ca monte sec...et dire que dans le bon sens on aurait dû descendre cette partie!
On passe par le petit village de Dhalapheni  (2318 m) où nous pouvons remplir nos bouteilles d'eau de source bien fraîche. Déjà les minots nous accueillent avec des "namaste" (= bonjour) les 2 paumes jointes en signe de respect et leur parents avec de larges sourires.

On envoie un petit coeur au Tibet au bout de la vallée


Les montagnes du Tibet au fond derrière nous


Sur la route on croise une petite vieille qui revient de la ramasse du bois. Elle doit faire 1,50 m, 45 kg toute mouillée et on ne saurait donner son age exact tant ses traits sont marqués, mais disons la soixantaine bien passée. Nous lui offrons un peu d'eau et des biscuits qu'elle refuse car elle a mal à la gorge et plus beaucoup de dents... Elle porte son paquetage arrimé sur le dos grâce à un cordon fixé autour de son front et elle gambade pratiquement aussi vite que nous! Je m'interdis dès à présent de me plaindre 1 seule fois de la douzaine de kilos que je porte dans mon sac à dos confortable...

Super Nannie Tamang


Nous arrivons à Thumman (100 habitants) vers midi, en nage d'eau, et trouvons un lodge avec une belle vue sur la vallée. Après un repas bien mérité, de même qu'une petite siestoune et un peu de lecture, je fais une petite balade dans le village pendant que Marine poursuit le farniente autour d'une bonne tasse de "hot lemon". Les gens sont souriants et il y a beaucoup de rires d'enfant au travers des ruelles. Je fais la connaissance de l'instituteur du village et de l'un de ses élèves qui parlent très bien anglais et qui m'expliquent un peu comment s'organise la vie scolaire dans la montagne.
Le soir nous constatons que nous sommes la seule maison éclairée: pas d'électricité dans ce village, juste de minuscules panneaux solaires individuels. 


3ème étape: Thumann (2338 m) - Nagthali (3165 m) - 2h de grimpette:

Après une bonne nuit de sommeil, nous reprenons la route vers Nagthali, 800 m plus haut.
On pensait que la veille on avait bien grimpé, mais là c'est à la limite de l'escalade par endroit: 2heures de montée ininterrompue au milieu de la forêt plongée dans un nuage qui nous fais limiter nos temps de pause car on se refroidit vite. Le chemin n'est pas toujours évident, et on est content de rencontrer 2 femmes sur la route  (dont la fille de notre hôte de la veille), ce qui confirme que nous ne nous sommes pas perdus.

Femmes en tenues traditionnelles Tamang sur la route


Lorsque nous arrivons à Nagthali, on n'a pas marché longtemps, mais l'effort a été intense. On fait une bonne pause avant de décider de rester la journée ici.
Notre hôte s'appelle "Palmo", elle est très douce et nous mijote de bon petits plat à l'"ancienne": pas d'électricité, pas de gaz, mais un bon poêle ouvert qui nous réchauffera bien car on se pelle vraiment.


Palmo qui cuisine autour du feu


Nagthali est situé sur une plaine et comporte 4 maisons, dont 3 lodges, et un monastère. Il doit y avoir 15 habitants et 30 yaks, mais aujourd'hui il nous semble qu'il y a un peu plus de monde que ça: c'est la visite mensuelle des "lamas" (= moines bouddhistes comme dans "dalai lama") au monastère. 
On perçoit de la musique, les gens cuisinent juste à côté et portent la nourriture dans le temple pour faire des offrandes. Nous nous approchons, discutons, et un jeune nous propose de pénétrer dans le monastère où les 5 lamas récitent les textes sacrés bouddhiques au rythme de leur tambour, cymbale et trompe.
On prend place sur le côté, face aux lamas, et on nous offre du thé.
Il fait très sombre à l'intérieur, des brindilles brûlent dans un pot de fer et produisent une fumée blanchâtre d'ambiance... Nous restons là près d'une heure à assister à leur méditation. Entre chants et incantations, c'est une expérience quasi mystique que nous avons la chance de faire.

Nous passons le reste de l'après midi à au milieu des gamins et des yaks. Le soir, nous donnerons un petit cours d'anglais à Palmo et sa belle-soeur durant lequel nous rigolerons tous beaucoup.
 .

Quoi? vous avez jamais vu un yak? Je suis le "Yak qui rit pas"


3ème étape: Naghtali (3165 m) - Taruche (3780 m) - Nagthali - Tatopani (2607 m) - 5h de marche:

Le lendemain, lever à 5h pour se rendre au point de vue de Taruche avant l'arrivée des nuages. On met environ 2h au milieu d'un décor magnifique de rhododendrons tandis que les premiers rayons du soleil  apparaissent et que la lumière rasante donne vie au décor.
Lorsqu'on arrive, nous aurons droit à seulement 10 minutes d'un panorama splendide sur le Ganesh Himal (7400m) et le Langtang Lirung (7225 m) et leur chaîne himalayenne, avant que les nuages n'arrivent et ne nous laissent qu'un 50aine de mètre de visibilité!


Les montagnes se découvrent au lever du jour


Le panorama qui récompense nos efforts


Au retour, on se fait un bon petit déj, on papote avec Palmo et on se met en route pour notre prochaine étape: Tatopani.


Gol qui dort tranquillement dans son panier-coufin


Au revoir Palmo


"Tato pani" signifie "eau chaude" en népalais. Pourquoi le village s'appelle-t-il ainsi: c'est parce qu'il y a des sources d'eau chaude tour simplement... et on ne se prive pas d'un bon bain chaud après 2 jours à se laver à la bassine d'eau froide...



4ème étape: Tatopani (2607 m)- Chilime (1735 m) - Gatlang (2250 m) - 5h de marche :

Notre destination du jour est Gatlang, le plus grand village Tamang de la région, peut-être 200 habitants... mais pour l'atteindre il faut d'abord redescendre tout en bas dans la vallée, traverser la rivière et remonter à travers bois.
La descente est donc logiquement assez facile, quoique ça tire sur les genoux, mais à la remontée on se trompe de chemin et on grimpe 15 minutes dans le vent... c'est dur moralement, mais on rebrousse chemin et on suit 4 petites vieilles qui portent leur panier du jour.
C'est l'étape la plus éprouvante pour moi, j'ai mal au dos, aux épaules, aux jambes, une énorme ampoule sous le gros orteil et il fait super chaud... mais bon, je vais pas me laisser tracer par les vieilles! On s'accroche et on arrive finalement à Gatlang et après 20 minutes d'errance pour trouver notre logement, on se pose enfin.
Vu qu'on a bien marché jusqu'ici et que l'endroit est agréable, on restera un jour de plus pour se reposer et explorer les environs.

Descente dans la vallée


Même les enfants portent des charges


Les chortens au milieu des champs de blé avant d'arriver à Gatlang


Le village est très beau mais on le trouve un peu sali par les déchets qui traînent ça et là. Ici la maison et la ferme ne font qu'un, on se croirait 200 ans en arrière. Les gens sont très aimables et les gamins, même s'ils réclament d'abord ballon et chocolat, nous saluent et jouent avec nous lorsqu'on les croise.

Après une bonne nuit de repos, on se refait un peu de grimpette pour aller voir un petit lac d'altitude et visiter une fabrique de fromage de yak.

2 en 1: Ferme et maison


Le village de Gatlang vu de notre lodge qui surplombe la vallée


Beurre de yak; qui veut gouter? (beurk)




Fromage de yak

Devant la petite fabrique de fromage


Les produits laitiers, yak'ça de vrai!



5ème étape: Gatlang ( 2250 m) - Syabrubesi (1300 m) - 3h de descente :

Voilà le trek touche à sa fin. Dernière étape avant de retourner dans la vallée de Katmandou.
On redescend paisiblement au travers des terrasses de blé, de maïs, et des pins, et on souhaite bon courage aux quelques touristes qu'on croise et qui vont se taper 900 m de dénivelé positif aujourd'hui...
On profite de belles éclaircies pour dire au revoir au Langtang Lirung qui se devoile au milieu des nuages.


Cédric

6 commentaires:

  1. Mouhahaha la bonne grayave de yack!

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    1. oui ,mais on a pas pu goûter le steak de yak...

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    2. Je pensais a une tartine beurre de yack confiture.

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  2. coucou vs 2,

    Alors pas trop de crampes après toutes ces heures de marche? ça en valait la peine en tout cas car les paysages st splendides!
    C est bon le fromage de Yak?
    Ils mettent du beurre de Yak dans leur bain pour qu il soit si jaune? lol

    Bonne route, a+biz Cyn

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    1. Pas de crampe, mais on est bien affûtés maintenant...
      Je dirai pas que le fromage de yak c'est bon, parce que je sais ce qu'est un "bon" fromage, mais en tout cas ça nous a changé un peu des lentilles,des patates et du riz! C'est un peu fort, mais ça ne sert pas encore à colorer les piscines... :) La couleur de l'eau c'est du sulfate ferrique.

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  3. On dirait que vous êtes dans "Rendez vous en terre inconnue", je vous envie trop!! Ca a l'air tellement authentique!! La nuit chez Palmo, les rencontres sur le chemin, vous avez croisé des touriste durant la semaine?
    C'est la plus grande aventure de votre voyage là non?

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